Pouvons-nous dire qu’une sensation est universelle ?
Ressentons-nous la même chose que l’autre lorsque nous sommes tristes, amoureux,
joyeux ou face à la douleur ? Probablement que non. Même si d’une certaine
manière, nous avons une base commune, nos chemins de vies tous différents font
qu’une même situation vécue n’aboutira pas à une sensation identique pour
chacun d'entre nous.
Mais je pense que ce n’est pas le cas pour les arts
martiaux traditionnels.
En effet, je pense qu’ils permettent de créer une
sensation commune, puisque nous nous attachons à mettre en place un cadre
commun, "universel", entre tous les pratiquants d’une même
discipline. Ce cadre est un lien entre chacun de nous, adeptes de ces arts
traditionnels. Le disciple devant se plier à la restriction et l’exiguïté qu’impose
« Notre Maître », sous le
guidage de ceux qui s’y sont déjà pliés. Nous suivons donc le même
« chemin martial », en suivant pas à pas celui de nos Maîtres. En ce
sens, il est probable que la sensation créée, quand les mouvements et les
postures sont correctement réalisés, est identique à celle ressentie par ceux
qui nous ont précédés.
Aujourd’hui, en mettant en pratique les derniers éléments
donnés par mon Maître (savoir d’où on vient), je ressens une sensation qui à
mon avis est commune à ceux qui pratiquent les arts martiaux internes.
Mettre des mots sur ce que je ressens est périlleux,
puisque le verbe est propre à chacun et nous éloigne donc de la possible
« universalité » ressentie, mais je vais quand même tenter
l’exercice…
« Ploum ». Ça a l’air assez enfantin, décalé, j’en ai bien
conscience, mais c’est le terme que j’utiliserais pour qualifier cette
sensation.
Pourquoi ce terme ? Bien qu’il me soit apparu comme
une évidence, après réflexion, il s’agit de la fusion de « Plouf » et de « Boum ».
« Plouf », avec sa connotation aquatique, que nous avons tous déjà
entendue, ressentie, en jetant un caillou dans un puits. Cette sonorité due à
l’entrée du caillou dans l’eau. Cette vibration remontant le long du tunnel
vertical. Le choc d’un élément massif, absorbé par une matière liquide.
L’énergie de l’impact transmise à l’eau. Il y a échange, mélange, transmission
d’énergie entre ces 2 milieux. Création d’une nouvelle énergie. C’est une
vibration diffuse, presque aérienne. Un mélange de plein créant un vide. Une lourdeur
teintée de légèreté. Un élément descend, l’autre monte, jaillie. À son niveau
le bouleversement crée une explosion considérable.
« Boum », c’est une détonation lourde, d’une masse percutant un
élément très dense. Aucun ne cède. Aucun ne bouge. La percussion est violente, instantanée.
L’énergie est comprimée, maintenue dans l’instant de la collision, laissant
juste échapper une résonance sourde.
D'autres raconteraient cette expérience différemment,
avec d'autres mots sans doute, mais peut-être pour décrire la même sensation…